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Si le destin jaloux, qui l’avoit arrêtée,
Pour en croître l’affront ne l’eût précipitée,
Et sur ton nom fameux déployé sa rigueur
Jusques à t’envier un si noble vainqueur. 200
Anguien[1] le suit de près, et n’est pas moins avide
De ces occasions où l’honneur sert de guide.
L’Escaut épouvanté voit ses premiers efforts
Le couronner de gloire au travers de cent morts,
Donner sur l’embuscade, en pousser la retraite, 205
Triompher des périls où sa valeur le jette,
Et montrer dans un cœur aussi haut que son rang
De l’illustre Condé le véritable sang.
Saint-Paul, de qui l’ardeur prévient ce qu’on espère,
De son côté Dunois, et Condé par sa mère[2], 210
À l’un et l’autre nom répond si dignement,

    Et conjuratam properassent fata ruinam.
    Quid memorem reliquos ? pulchræque cupidine famæ
    Flagrantem assidue, et non inferiora sequentem
    Enguineum, fervens et inexsaturabile pectus ?
    Ut belli exsultans fremitu, rapidumque fatigans
    Alipedem, mediis in cædibus, asperaque inter
    Tela, necem stricto Belgasque lacesseret ense ?
    Ut fractæ fugerent acies, dextraque tonantem
    Fulminea, procul arma super lateque jacentum
    Corporaque et calido spumantes sanguine cristas,
    Bellicus immissis impelleret ardor habenis,
    Et patrem soboles invictum invicta referret ?
    Quid nunc ut paribus Longavillæa propago

  1. Henri-Jules, duc d’Enghien, né en 1645, mort en 1709, fils du grand Condé.
  2. Charles-Paris d’Orléans, né en 1649, d’abord comte de Saint-Paul et en 1671 duc de Longueville, fut tué au passage du Rhin en 1672 (voyez pièce LXXXI, vers 346-350). Il était fils de la célèbre duchesse de Longueville, sœur du grand Condé. Par son père il descendait du fameux Dunois, bâtard d’Orléans.