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desquelles l’éditeur reproduit dans sa Préface[1] le passage suivant du Huetiana[2] : « Jamais l’amour n’a inventé de galanterie plus ingénieuse, plus polie et plus nouvelle que la guirlande de Julie, dont le duc de Montausier régala Julie d’Angennes un premier jour de l’an, lorsqu’il la recherchoit en mariage. Il fit peindre séparément en miniature toutes les plus belles fleurs par un excellent peintre (Robert), sur des morceaux de vélin de même grandeur. Il fit ménager au bas de chaque figure assez d’espace pour y faire écrire un madrigal sur le sujet de fleur qui y étoit peinte, et à la louange de Julie. Il pria les beaux esprits de ce temps-là, qui presque tous étoient de ses amis, de se charger de la composition de ces pièces, après s’en être réservé la meilleure partie. Il fit écrire au bas de chaque fleur son madrigal par un homme qui avoit beaucoup de réputation pour la beauté de son écriture (Jarry). Il fit ensuite relier tout cela magnifiquement (par le Gascon). Il en fit faire deux exemplaires tout pareils, et fit enfermer chacun dans un sac de peau d’Espagne. Voilà le présent que Julie trouva à son réveil sur sa toilette le premier jour de l’année 1633 ou 1634. »

Tout est exact dans ce récit, excepté l’année à laquelle Huet place le présent du duc de Montausier. Le frontispice du manuscrit composé d’une guirlande, au milieu de laquelle on lit : La Guirlande de Julie, pour Mademoiselle de Rambouillet Julie-Lucine d’Angennes, porte la date de 1641. Cette date concorde parfaitement avec le témoignage de Tallemant des Réaux, qui nous apprend que Montausier envoya ce présent à Mlle de Rambouillet « trois ou quatre ans avant que de l’épouser[3]. » Leur mariage ayant eu lieu le 15 juillet 1645, cette indication nous reporte bien à l’année 1641.

Le recueil de Sercy, dont nous aurons à parler tout à l’heure plus longuement, et dans la seconde partie duquel la Guirlande de Julie a paru pour la première fois en 1653, marque trois pièces comme étant de Corneille : la Tulipe, la Fleur d’orange et l’Immortelle blanche. Granet, qui a mis ces pièces dans son recueil, et qui les classe, non suivant l’époque

  1. Folio v.
  2. Paris, 1722, p. 103.
  3. Historiettes, tome II, p. 528.