Ces foudres, dont la route est pour nous inconnue,
Paroissent quelque temps se jouer dans la nue,
Et ce feu qui s’échappe et brille à tout moment[1],
Semble prêter aux cieux un nouvel ornement ;
Mais enfin le coup tombe ; et ce moment horrible,
À force de tarder devenu plus terrible,
Étale aux yeux surpris des hommes écrasés,
Une plaine fumante, et des rochers brisés.
Telle on voit le Flamand présumer ta venue,
Grand Roi ! Pour fuir ta foudre il cherche à fuir ta vue,
Et de tes justes lois ignorant la douceur,
Il abandonne aux tiens des murs sans défenseur[2].
La Bassée, Armentière, aussitôt sont désertes[3] ;
Ipse prius tremulis densa in caligine ludit
Fulguribus, volucrique polum circumvolat auro ;
Mox rutilum per iter, rapidisque micantia flammis
Erumpit spatia, et magno ruit impete fulmen ;
Vim tamen haud minuit splendor, nec inania jactat
Murmura : gens longe tremit omnis, et ardua fumant
Silvarum, ac subito dissultant saxa fragore.
Talis ades, talem te præcipit omne timetque
Vulgus, et insueta fugiunt formidine cives.
Passim solæ arces, passim indefensa patescunt
Oppida : tuque adeo, Bassæa, ingentibus olim,
Mœnia dum starent, repetita laboribus ; et tu
Dives agro, dives pecorum, Armentaria, cultu ;
- ↑ Var. Et ce feu qui s’échappe et brille à tous moments,
Semble prêter au ciel de nouveaux ornements.
(Idyllia, 1669). — Œuvres diverses.)
- ↑ Var. Il abandonne aux tiens ses murs sans défenseur.
(Carmina, 1688.) - ↑ On lit dans la Gazette du 4 juin 1667, sous la rubrique d’Arras, le 30 mai 1667 : « Le 12 de ce mois, les sieurs d’Artagnan et des Fourneaux arrivèrent ici… Le lendemain ils décampèrent avant le jour, et marchèrent du côté d’Armentières pour favoriser les troupes commandées de ce côté-là, avec ordre de se saisir de cette