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C’est de là, c’est par là qu’il s’explique assez haut. 115
Il entre dans la Flandre et rase le Hainaut.
Le François court et vole, une mâle assurance
Le fait à chaque pas triompher par avance ;
Le désordre est partout, et l’approche du Roi
Remplit l’air de clameurs et la terre d’effroi. 120
Jusqu’au fond du climat[1] ses lions en rugissent,
Leur vue en étincelle, et leurs crins s’en hérissent ;
Les antres et les bois, par de longs hurlements,
Servent d’affreux échos à leurs rugissements ;
Et les fleuves mal sûrs dans leurs grottes profondes 125
Hâtent vers l’Océan la fuite de leurs ondes ;
Incertains de la marche, ils tremblent tous pour eux.
Songe encor, songe, Espagne, à mépriser nos jeux !
Ainsi, quand le courroux du maître de la terre
Pour en punir l’orgueil prépare son tonnerre, 130
Qu’un orage imprévu qui roule dans les airs
Se fait connoître au bruit et voir par les éclairs,

    Flandrica, et Hannonias ruit improvisus in arces.
    Jamque adeo ingenti fremere undique visa tumultu
    Belgica, jam patrii circum rugire leones,
    Arrectisque horrere jubis : simul alta fragore
    Misceri nemora, et tristes ululare cavernæ,
    Flandrigenumque procul Scaldis regnator aquarum
    In mare præcipites urgere fugacior undas.
    I modo, regales, Hispania, despice ludos.
    Sic, trifidos ignes et ineluctabile telum
    Si quando iratus mundi arbiter, humida rumpens
    Nubila, subjectas hominum molitur in arces,

    vilége nous apprend que cet ouvrage est « de la composition du sieur de Vandeuvres. »

  1. Climat, dans le sens de région, contrée. — Ce qui est dit ici des lions se rapporte encore aux armes de la Flandre, au « lion belgique, » comme Corneille s’est exprimé plus haut (vers 12). Dans les vers latins du P. de la Rue, il y a patrii…leones.