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Il est vrai qu’il se joue, Espagne, et tu devines ;
Mais tu mettras au jeu plus que tu l’imagines[1],
Et de ton dernier vol si tu ne te repens[2],
Tu ne verras finir ce jeu qu’à tes dépens.
Son père et son aïeul t’ont fait voir que sa France[3] 105
Sait trop, quand il lui plaît, dompter ton arrogance :
Tant d’escadrons rompus, tant de murs emportés,
T’ont réduite souvent au secours des traités.
Ces disgrâces alors te donnoient peu d’alarmes,
Tes conseils réparoient la honte de tes armes ; 110
Mais le ciel réservoit à notre auguste roi
D’avoir plus de conduite et plus de cœur que toi.
Rien plus ne le retarde, et déjà ses trompettes
Aux confins de l’Artois lui servent d’interprètes[4] :

    Luditur, at magnos parient hæc otia motus ;
    Nec vanum, ludi pars magna, fatebere ludum.
    Sæpe manu virtus quid Gallica posset et armis,
    Te Justus, Justique parens ter maximus olim
    Henricus docuere : tamen licet hactenus æquo
    Te non Marte parem clades non una probasset,
    Jamdudum instantem potuisti avertere casum,
    Consilio melior. Lodoico scilicet uni
    Laus fuit hæc servanda, et magnis debita fatis,
    Consilioque manuque tuos contundere fastus.
    Nec mora, jam litui, jam rauco tympana pulsu
    Insonuere : volat spe fervidus, arvaque Gallus

  1. Var. Mais tu mettras au jeu plus que tu n’imagines.
    (Caroli de la Rue ldyllia, 1669. — Œuvres diverses publiées par Granet.)
  2. Var. Et de ce dernier vol si tu ne te repens.
    (Ruæi Carmina, 1688.)
  3. Var. Son père et son aïeul t’ont fait voir que la France.
    (Carmina, 1688.)
  4. Le Roi partit de Saint-Germain avec la Reine le 16 mai 1667 et arriva le 20 à Amiens. Voyez la Relation de la guerre de Flandres en l’année 1667, à Paris, chez. Claude Barbin, M.DC.LXVIII. Le pri-