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Tremblent sous les raisons et la facilité 55
Qu’aura de s’en venger un roi si redouté.
Louis s’en aperçoit, et tandis qu’il s’apprête
À joindre à tant de droits celui de la conquête,
Pour éblouir l’Espagne et son raisonnement,
Il tourne ses apprêts en divertissement[1] : 60
Il s’en fait un plaisir, où par un long prélude
L’image de la guerre en affermit l’étude,
Et ses passe-temps même instruisant ses soldats
Préparent un triomphe où l’on ne pense pas.
Il se met à leur tête aux plus ardentes plaines, 65
Fait en se promenant leçon aux capitaines,
Se délasse à courir de quartier en quartier,

    Junctaque crudeli regum connubia pacto.
    Hunc adeo suspensum animi, rebusque timentem
    Agnovit Lodoicus, et ardua mente volutans
    Consilia, invictis ut conjugis ultor in armis
    Hannonios tractus brabantinosque reposcat.
    Ne tamen, ut quondam, solito sibi callidus astu
    Consuleret, Martemque dolo præverteret hostis,
    Objicit insuetas Hispanis artibus artes,
    Occultumque struit belli sub imagine bellum.
    Ergo viros ad signa vocat : concurritur, oti[2]
    Emicat impatiens et corripit arma juventus.
    Ipse palatinas acies prætoriaque inter
    Vexilla, et lituum sonitus, fremitusque tubarum,

    dont les trois termes fixés par le contrat étaient plus qu’échus, ce qui faisait dire : « Point de payement, point de renonciation. »

  1. Il s’agit ici des revues et exercices militaires de l’an 1666 et du commencement de l’an 1667, auxquels Corneille a aussi fait allusion dans sa tragédie d’Attila (acte II, scène v), qui est, comme le poëme des Victoires, de l’année 1667. Voyez tome VII, p. 131 et 132.
  2. L’édition de 1667, que nous suivons, et celle de 1669 donnent ici omnis ; mais nous n’hésitons pas à y substituer la leçon de 1688 : oti pour otii ; l’adjectif impatiens du vers suivant a besoin d’être déterminé par un régime.