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dans sa Défense du grand Corneille[1], qu’il « laissa passer un an sans demander le brevet (de sa pension), et sans remercier (le ministre). Je le sais, dit-il, de l’abbé Gallois, à qui le ministre en avoit fait des reproches, et qui conduisit Corneille à l’hôtel Colbert. » Ces vers furent d’abord imprimés à part (Paris, M.DC.LXIII, sans nom de libraire ni d’imprimeur, 7 pages in-4o) ; nous devons à l’obligeance de M. le comte de Lurde la communication de cette édition originale. Ils furent ensuite réimprimés en 1667 et en 1669, à la suite du Poëme sur les Victoires du Roi. Dans l’impression de 1663 et dans les Délices de la poésie galante, ils sont intitulés : Remercîment au Roy ; dans celle de 1667, que nous suivons, ils ont le titre que nous avons adopté ; nous n’avons pu voir la réimpression de 1669. Nous donnons en note les variantes de l’édition in-4o et des Délices. — On peut comparer à cette pièce de Corneille celle que Molière composa à la même occasion, et qui parut également à Paris en 1663, 7 pages in-4o (chez Guillaume de Luyne et Gabriel Quinet).


Ainsi du Dieu vivant la bonté surprenante
Verse, quand il lui plaît, sa grâce prévenante ;
Ainsi du haut des cieux il aime à départir
Des biens dont notre espoir n’osoit nous avertir.
Comme ses[2] moindres dons excèdent le mérite, 5
Cette même bonté seule l’en sollicite ;
Il ne consulte qu’elle, et maître qu’il en est,
Sans devoir à personne, il donne à qui lui plaît.
Telles sont les faveurs que ta main nous partage,
Grand Roi, du Roi des rois la plus parfaite image : 10
Tel est l’épanchement de tes nouveaux bienfaits ;
Il prévient l’espérance[3], il surprend les souhaits,
Il passe le mérite, et ta bonté suprême

  1. Page xxxiii de l’édition de Granet, qui a placé cette Défense en tête des Œuvres diverses.
  2. On a imprimé à tort ces dans les Délices.
  3. Corneille a déjà dit précédemment dans son Remercîment à Mazarin, p. 95, vers 14 :
    Tes dons ont devancé même mon espérance.