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LII

Jalousie.

Ces vers, signés Corneille, ont été publiés pour la première fois dans les Poésies choisies… cinquième partie, p. 73. Nous n’en pouvons déterminer l’époque, non plus que celles des pièces LIII-LXIV, toutes signées de la même manière. Nous ferons seulement remarquer que ces opuscules sont nécessairement antérieurs à l’Achevé d’imprimer de la première édition de cette cinquième partie, daté, ainsi que nous l’avons déjà dit, du 18 août 1660. Le nom de Philis désigne probablement ici la même personne que dans les pièces XLVIII et XLIX. Granet, qui considère ces deux madrigaux comme adressés à Mlle Serment, ne s’est point prononcé sur la présente pièce, qu’il donne aux pages 191-193 des Œuvres diverses.


N’aimez plus tant, Philis, à vous voir adorée :
Le plus ardent amour n’a pas grande durée ;
Les nœuds les plus serrés sont le plus tôt rompus ;
À force d’aimer trop, souvent on n’aime plus,
Et ces liens si forts ont des lois si sévères 5
Que toutes leurs douceurs en deviennent amères.
Je sais qu’il vous est doux d’asservir tous nos soins ;
Mais qui se donne entier n’en exige pas moins :
Sans réserve il se rend, sans réserve il se livre,
Hors de votre présence il doute s’il peut vivre ; 10
Mais il veut la pareille, et son attachement
Prend compte de chaque heure et de chaque moment.
C’est un esclave fier qui veut régler son maître,
Un censeur complaisant qui cherche à trop connoître,
Un tyran déguisé qui s’attache à vos pas, 15
Un dangereux Argus qui voit ce qui n’est pas.