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(no du 15 octobre 1864, 8e année, p. 556) la lettre que nous avons reproduite plus haut, dit qu’elle « fut probablement écrite par Corneille lui-même à Mlle de Scudéry, » et que « l’illustre Aspasie… n’était autre chose que Ninon de Lenclos. » Deux de ces trois assertions paraissent bien hasardées, mais je crois qu’il est certain que « l’incomparable Sapho » est en effet Mlle de Scudéry, et alors il devient très-probable qu’elle est aussi l’auteur de la réponse portant le nom de Sapho. Ce qui ajoute encore à cette vraisemblance, c’est que dans une Lettre de Sapho au Mage de Sidon, datée du 21 octobre 1658, qui se trouve à la page 863 du tome IX des Manuscrits de Conrart, on lit : « Allez, allez, vendez vos coquilles à d’autres qu’à ceux qui viennent du Mont-Saint-Michel. » Ceci explique et complète cette expression proverbiale qui forme le dernier vers de la Réponse :
Vendez vos coquilles à d’autres.
Pour ne pas allonger outre mesure cette notice déjà trop étendue, nous renvoyons à l’Appendice quelques détails sur Mlle Serment et la Réponse de l’incomparable Sapho.


Mes deux mains à l’envi disputent de leur gloire,
Et dans leurs sentiments jaloux
Je ne sais ce que j’en dois croire.
Philis, je m’en rapporte à vous ;
Réglez mon avis[1] par le vôtre. 5
Vous savez leurs honneurs divers :
La droite a mis au jour un million de vers ;
Mais votre belle bouche a daigné baiser l’autre.
Adorable Phiiis, peut-on mieux décider
Que la droite lui doit céder ? 10


  1. Ainsi dans les Poésies choisies et dans les Manuscrits de Conrart. Amour, dans les Œuvres diverses publiées par Granet, et dans les éditions postérieures.