Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXXIX

Épigramme.


Ami, veux-tu savoir, touchant ces deux sonnets
Qui partagent nos cabinets,
Ce qu’on peut dire avec justice ?
L’un nous fait voir plus d’art, et l’autre un feu plus vif[1] ;
L’un est le mieux peigné, l’autre est le plus naïf ; 5
L’un sent un long effort, et l’autre un prompt caprice ;
Enfin l’un est mieux fait, et l’autre est[2] plus joli ;
Et pour te dire tout en somme,
L’un part d’un auteur plus poli,
Et l’autre d’un plus galant homme[3]. 10


  1. Tel est le texte des Poésies choisies et de la copie manuscrite que nous avons plusieurs fois citée. On lit : et l’autre plus de vif, dans les Œuvres diverses publiées par Granet et dans les éditions suivantes.
  2. Le mot est manque dans un grand nombre d’éditions récentes.
  3. Il ne faut pas oublier que Voiture, que l’opposition de ces deux épithètes eût blessé à bon droit, était mort en 1648. Benserade vécut jusqu’en 1691.