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XXXVI

À Monsieur d’Assoucy,
Sur son Ovide en belle humeur.

Ce sonnet, signé Corneille, a été publié au verso du troisième feuillet de l’Ovide en belle humeur de Mr d’Assoucy… à Paris, chez Charles de Sercy… M.DC.L, in-4o. L’Achevé d’imprimer est du « 25. de Février 1650. » Ces vers, recueillis par M. Édouard Fournier dans ses Notes sur la vie de Corneille (p. xci), sont ici réunis pour la première fois aux Œuvres de ce poète. À l’époque où Corneille écrivait ce compliment, d’Assoucy venait de composer la musique d’Andromède. Voyez tome V, p. 252 et 253.


Que doit penser Ovide, et que nous peut-il dire,
Quand tu prends tant de peine à le défigurer,
Que ce qu’il écrivit pour se faire admirer,
Grâces à d’Assoucy sert à nous faire rire ?

Il y trouve la gloire où son travail aspire ; 5
Tu ne prends tant de soins que pour mieux l’honorer :
De tant d’attraits nouveaux tu le viens de parer,
Que moins il se ressemble, et plus chacun l’admire.

Sa plume osa beaucoup, et plantes, animaux,
Fleuves, hommes, rochers, éléments et métaux, 10
Par elle ont vu changer leurs êtres et leurs causes.

La tienne, plus hardie, a plus encore osé,
Puisque le grand auteur de ces métamorphoses
Lui-même enfin par elle est métamorphosé.