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La Rochelle[1].

Ici l’audace impie en son trône parut, 55
Ici fut l’arrogance à soi-même funeste :
Un excès de valeur brisa ce qu’elle fut ;
Un excès de clémence en sauva ce qui reste.


Le Pas de Suze[2].

L’orgueil de tant de forts sous mon roi s’humilie :
Suze ouvre enfin la porte au bonheur d’Italie, 60
Dont elle voit qu’il tient les intérêts si chers ;
Et pleine de l’exemple affreux de la Rochelle :
« Ouvrons à ce grand prince, ouvrons-lui tôt, dit-elle ;
Qui dompte l’Océan ne craint pas nos rochers. »


Cazal[3].

Lorsque Mars se prépare à tout couvrir de morts, 65

  1. La Rochelle se soumit le 28 octobre 1628 ; le Roi y fit son entrée le 1er  novembre.
  2. Le 6 mars 1629 Louis XIII força en personne les trois barricades du pas de Suze, défendues par le duc de Savoie.
  3. Les Espagnols pressaient vivement Casal, et les Français voulaient secourir la place. Mazarin, envoyé du pape, fit si bien auprès des chefs des deux armées qu’il les détermina à conclure une trêve de six semaines, le 2 septembre 1630. À l’expiration de cette trêve, il demanda une prolongation. Les Français refusèrent d’abord, et le 26 octobre ils marchèrent au combat. Mazarin ne se décourage pas et renouvelle ses instances dans les deux camps. Ayant persuadé le général espagnol, il pousse son cheval à toute bride entre les deux armées, et sans être effrayé des balles qui sifflaient autour de lui, il crie en agitant son chapeau : « La paix ! la paix ! » et allant trouver le maréchal de Schomberg, qui commandait les Français, il le décide à accepter le traité. Naudé dit à ce sujet : « Les almanachs de M.DC.XXXI représentèrent le seigneur Giulio à cheval, faisant signe avec son chapeau à deux puissantes armées qui s’alloient choquer, de mettre bas les armes, pour recevoir la paix qu’il venoit de