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LA VEUVE.

Et cette foi donnée ôte de mon pouvoir
Ce qu’à notre amitié je me sais trop devoir.

CHRYSANTE, à Philiste.

1895Ne te ressouviens plus d’une vieille promesse ;
Et juge, en regardant cette belle maîtresse,
Si celui qui pour toi l’ôte à son ravisseur
N’a pas bien mérité l’échange de ta sœur.

CLARICE, à Chrysante.

Je ne saurois souffrir qu’en ma présence on die
1900Qu’il doive m’acquérir par une perfidie :
Et pour un tel ami lui voir si peu de foi
Me feroit redouter qu’il en eût moins pour moi.
Mais Alcidon survient ; nous l’allons voir lui-même
Contre un rival et vous disputer ce qu’il aime[1].


Scène IX.

CLARICE, ALCIDON, PHILISTE, CHRYSANTE, CÉLIDAN, DORIS.
CLARICE, à Alcidon.

1905Mon abord t’a surpris, tu changes de couleur ;
Tu me croyois sans doute encor dans le malheur :
Voici qui m’en délivre ; et n’étoit que Philiste
À ses nouveaux desseins en ta faveur résiste,
Cet ami si parfait qu’entre tous tu chéris
1910T’auroit pour récompense enlevé ta Doris.

ALCIDON.

Le désordre éclatant qu’on voit sur mon visage[2]
N’est que l’effet trop prompt d’une soudaine rage.

  1. Var. Disputer maintenant contre vous ce qu’il aime. (1634-57)
    Var. Contre votre faveur disputer ce qu’il aime. (1660)
  2. Var. Le désordre qu’on lit en mon âme étourdie
    Vient moins de votre aspect que de sa perfidie. (1634-57)