Cesse de me tenir dedans l’incertitude :
Dis-moi par où je puis sortir d’ingratitude ;
Donne-moi le moyen, après un tel bienfait,
De réduire pour loi ma parole en effet.
Doivent leur bonne issue à mon peu de service,
Qu’un bon succès par moi réponde à tous vos vœux,
J’ose t’en demander un pareil à mes feux.
J’ose te demander, sous l’aveu de Madame,
Ce digne et seul objet de ma secrète flamme[1],
Cette sœur que j’adore, et qui pour faire un choix
Attend de ton vouloir les favorables lois.
Ta demande m’étonne ensemble et m’embarrasse.
Sur ton meilleur ami tu brigues cette place,
Et tu sais que ma foi la réserve pour lui.
Si tu n’as entrepris de m’accabler d’ennui.
Ne te fais point ingrat pour une âme si double.
Mon esprit divisé de plus en plus se trouble ;
Dispense-moi, de grâce, et songe qu’avant toi
Ce bizarre Alcidon tient en gage ma foi[2],
Si ton amour est grand, l’excuse t’est sensible ;
Mais je ne t’ai promis que ce qui m’est possible ;
- ↑ Var. Celle qui de tout temps a possédé mon âme,
Une sœur qui, reçue en mon lit pour moitié (a),
D’un lien plus étroit serre notre amitié. (1634-57)
(a). Une sœur qui, reçue à mon lit pour moitié. (1654 et 57) - ↑ Var. Ce colère Alcidon tient en gage ma foi.
célidan, à Philiste. Voilà de ta parole un manque trop visible.
philiste, à Célidan. Je t’ai bien tout promis ce qui m’étoit possible.
Mais une autre promesse ôte de mon pouvoir
Ce qu’aux plaisirs reçus je me sais trop devoir. (1634-57)