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LII
NOTICE BIOGRAPHIQUE

pièce étant finie, les exclamations redoubloient et ne finissoient point qu’il ne se fût retiré, ne pouvant plus soutenir le poids de tant de gloire[1]. »

Nous arrivons maintenant à l’époque douloureuse de la vie de Corneille. À la fin de 1665, nous le voyons signalant dans un sixain spirituel et mordant les retards apportés au payement de sa pension[2]. Un peu plus tard, il laisse paraître dans un remercîment adressé à Saint-Évremont, qui avait défendu sa Sophonisbe, les appréhensions que lui avait causées le succès de l’Alexandre de Racine[3], appréhensions que l’accueil fait cinq mois après à l’Algésilas ne fut point de nature à calmer. Attila, un peu plus heureux devant le public, eut toutefois encore à essuyer de mordantes critiques. Mais les difficultés de la vie, les contrariétés d’amour-propre ne sont rien auprès des chagrins dont Corneille se vit frappé. Il avait quatre fils : deux au service, où ils faisaient vaillamment leur devoir, et deux autres, beaucoup plus jeunes, qui étaient confiés (cela est certain pour l’un et probable pour l’autre) aux soins des Pères jésuites, comme Corneille l’avait été lui-même.

Le 6 juillet 1667, le second, que nous avons vu page de la duchesse de Nemours, blessé au pied au siège de Douai, est ramené à Paris, et on le rapporte sur un brancard dans la maison de son père[4]. Peu de temps après, dans la même année, le troisième fils du poëte, Charles Corneille, filleul du P. de la Rue, qui a déploré son trépas dans une touchante élégie latine[5], mourait à quatorze ans, au moment où sa précoce intelligence faisait concevoir à son père les plus légitimes espérances.

Sept ans plus tard, en 1672, nous trouvons un témoignage de l’amitié de Corneille pour le P. de la Rue, dans le soin qu’il prit de traduire son poëme latin Sur les Victoires du Roi,

  1. Hommes illustres, Paris, 1677 et 1678, p. 96.
  2. Tome X, p. 185.
  3. Voyez tome X, p. 498.
  4. Voyez tome X, p. 189, note 2. — Rappelons à ce propos que Corneille n’habitait pas alors rue d’Argenteuil, puisque, comme nous l’avons vu, il logeait encore en 1676 rue de Cléry.
  5. Tome X, p. 383. — La devise placée en tête de cette élégie est reproduite dans la Philosophie des images du P. Menestrier, 1682, p. 314.