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ACTE V, SCÈNE I.

Je dois tout le bonheur du reste de mes jours[1].
Philiste autant que moi vous en est redevable ;
S’il a su mon malheur, il est inconsolable ;
Et dans son désespoir sans doute qu’aujourd’hui
1590Vous lui rendez la vie en me rendant à lui.
Disposez du pouvoir et de l’un et de l’autre[2] ;
Ce que vous y verrez, tenez-le comme au vôtre ;
Et souffrez cependant qu’on le puisse avertir
Que nos maux en plaisirs se doivent convertir[3].
1595La douleur trop longtemps règne sur son courage.

CÉLIDAN.

C’est à moi qu’appartient l’honneur de ce message ;
Mon secours, sans cela, comme de nul effet,
Ne vous auroit rendu qu’un service imparfait.

CLARICE.

Après avoir rompu les fers d’une captive,
1600C’est tout de nouveau prendre une peine excessive,
Et l’obligation que j’en vais vous avoir
Met la revanche hors de mon peu de pouvoir.
Ainsi dorénavant, quelque espoir qui me flatte[4],
Il faudra malgré moi que j’en demeure ingrate.

CÉLIDAN.

1605En quoi que mon service oblige votre amour,
Vos seuls remercîments me mettent à retour[5].

  1. Var. Je dois ma liberté, mon honneur, mes amours, (1634-57)
  2. Var. Disposez de tous deux, et ce que l’un et l’autre
    Auront en leur pouvoir, tenez-le comme au vôtre ;
    Tandis permettez-moi de le faire avertir
    Qu’il lui faut en plaisirs ses douleurs convertir.
    cél. [C’est à moi qu’appartient l’honneur de ce message,]
    Trop heureux en ce point de vous servir de page ;
    [Mon secours, sans cela, comme de nul effet.] (1634-57)
  3. Ce vers a été omis par erreur dans l’édition de 1682.
  4. Var. Si bien que désormais, quelque espoir qui me flatte. (1634-57)
  5. Me mettent à retour, font que je vous dois du retour.