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XLVIII
NOTICE BIOGRAPHIQUE

fort mal publiée[1], nous apprend qu’il a déjà presque achevé les trois premiers actes de Sertorius ; nous le voyons persuadé qu’il n’a « rien écrit de mieux, » et le public contemporain semble avoir partagé cette opinion[2].

Au mois d’avril 1662, il écrit au même abbé de Pure : « Le déménagement que je prépare pour me transporter à Paris me donne tant d’affaires que je ne sais si j’aurai assez de liberté d’esprit pour mettre quelque chose cette année sur le théâtre[3]. » Il ne fit, en effet, rien représenter en 1662 ; et au commencement d’octobre il n’avait pas encore quitté Rouen[4]. Non-seulement aucun ouvrage dramatique, mais nulle pièce de vers ne vient se placer dans cette année, qu’un déménagement de poëte semble, on a peine à le croire, avoir occupée ou du moins troublée tout entière. C’est, il est vrai, à cette époque que se rattache la Plainte de la France à Rome, écrite à l’occasion de l’insulte faite au duc de Créquy, ambassadeur de France, par les Corses de la garde du Pape ; mais nous avons prouvé que cette pièce de vers, attribuée sans hésitation à Corneille par la plupart de ses éditeurs et de ses biographes, n’est point de lui, mais de Fléchier[5].

Où Corneille vint-il habiter à Paris en quittant Rouen ? Ce fut, selon M. Édouard Fournier, à l’hôtel de Guise, rue du Chaume, où est aujourd’hui le palais des Archives. Il est vrai qu’en 1663 d’Aubignac nous apprend que notre auteur y avait « le couvert et la table, » et Tallemant des Réaux raconte qu’il avait « trouvé moyen » d’y « avoir une chambre[6] ; » mais cela ne s’applique-t-il pas aux séjours passagers que le poëte venait faire seul à Paris, dans le temps où il habitait encore Rouen, plutôt qu’à une installation permanente et complète avec femme et enfants ?

On peut être encore plus tenté de le croire si l’on remarque que le 7 septembre 1655, Tristan l’Hermite mourut à l’hôtel

  1. Voyez tome X, p. 490, notes 1, 4 et 5, et p. 491, note 4.
  2. Voyez tome VI, p. 353 et 354.
  3. Voyez tome X, p. 494
  4. Tome X, p. 496.
  5. Voyez tome X, p. 367 et 368.
  6. Voyez tome X, p. 183 de notre édition.