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LA VEUVE.
DORIS.

N’en ayez pas de peur.

CHRYSANTE.

N’en ayez pas de peur.Quoi que l’on se propose,
Assez souvent l’issue…

DORIS.

Assez souvent l’issue…On vous veut quelque chose,
Madame, je vous laisse.

CHRYSANTE.

Madame, je vous laisse.Oui, va-t’en ; il vaut mieux
Que l’on ne traite point cette affaire à tes yeux.


Scène V.

CHRYSANTE, GÉRON.
CHRYSANTE.

1015Je devine à peu près le sujet qui t’amène ;
Mais, sans mentir, mon fils me donne un peu de peine.
Et s’emporte si fort en faveur d’un ami,
Que je n’ai su gagner son esprit qu’à demi.
Encore une remise ; et que tandis Florange
1020Ne craigne aucunement qu’on lui donne le change[1] ;
Moi-même j’ai tant fait que ma fille aujourd’hui
(Le croirois-tu, Géron ?) a de l’amour pour lui.

GÉRON.

Florange, impatient de n’avoir pas encore
L’entier et libre accès vers l’objet qu’il adore,
1025Ne pourra consentir à ce retardement.

CHRYSANTE.

Le tout en ira mieux pour son contentement.

  1. Donner, non pas comme plus haut son change, mais le change à quelqu’un, c’est le tromper ; cette expression est empruntée au vocabulaire de la vénerie.