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LA VEUVE.

840Je n’ai point lieu de craindre aucune résistance[1] :
La beauté dont mon traître adore les attraits[2]
Chaque soir au jardin va prendre un peu de frais ;
J’en ai su de lui-même ouvrir la fausse porte ;
Étant seule, et de nuit, le moindre effort l’emporte.
845Allons-y dès ce soir : le plus tôt vaut le mieux ;
Et surtout déguisés, dérobons à ses yeux,
Et de nous, et du coup, l’entière connoissance.

CÉLIDAN.

Si Clarice une fois est en notre puissance,
Crois que c’est un bon gage à moyenner l’accord,
850Et rendre, en le faisant, ton parti le plus fort[3].
Mais pour la sûreté d’une telle surprise[4],
Aussitôt que chez moi nous pourrons l’avoir mise,
Retournons sur nos pas, et soudain effaçons
Ce que pourroit l’absence engendrer de soupçons.

ALCIDON.

855Ton salutaire avis est la même prudence ;
Et déjà je prépare une froide impudence
À m’informer demain, avec étonnement,
De l’heure et de l’auteur de cet enlèvement.

CÉLIDAN.

Adieu ; j’y vais mettre ordre.

ALCIDON.

Adieu ; j’y vais mettre ordre.Estime qu’en revanche
860Je n’ai goutte de sang que pour toi je n’épanche.

  1. Var. Vu que je ne puis craindre aucune résistance. (1634-57)
  2. Var. La belle dont mon traître adore les attraits. (1634-60)
  3. Var. Et rendre, en ce faisant, ton parti le plus fort. (1634)
  4. Var. Mais pour la sûreté d’une telle entreprise. (1634-68)