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LA VEUVE.
ACTE II.
Scène première.
PHILISTE[1].
Secrets tyrans de ma pensée,
Respect, amour, de qui les lois
D’un juste et fâcheux contre-poids
La tiennent toujours balancée,
Que vos mouvements opposés[2],
Vos traits, l’un par l’autre brisés,
Sont puissants à s’entre-détruire !
Que l’un m’offre d’espoir ! que l’autre a de rigueur !
Et tandis que tous deux tâchent à me séduire,
Que leur combat est rude au milieu de mon cœur !
Moi-même je fais mon supplice
À force de leur obéir[3] ;
- ↑ Dans l’édition de 1634, au-dessous du nom de philiste, ou lit en titre : stances.
- ↑ Var.Vos mouvements irrésolus
Ont trop de flux et de reflus (a),
L’un m’élève et l’autre m’atterre ;
L’un nourrit mon espoir, et l’autre ma langueur.
N’avez-vous point ailleurs où vous faire la guerre,
Sans ainsi vous combattre aux dépens de mon cœur ? (1634)
(a). Reflus paraît avoir été écrit ainsi pour la rime ; car dans ce même vers le mot simple fux se termine régulièrement par un x. - ↑ Var.À force de vous obéir ;
Mais le moyen de vous haïr ?
Vous venez tous deux de Clarice ;
Vous m’en entretenez tous deux,
Et formez ma crainte et mes vœux
Pour ce bel œil qui vous fait naître. (1634)