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LA VEUVE.

Faire honneur à son temps, enseigner à notre âge
À polir doucement son vers et son langage[1],
Corneille, c’est assez pour avoir des lauriers.
Dessus le mont sacré, toujours tranquille et calme ;
Mais pour dire en un mot, de venir des derniers
Et les surpasser tous, c’est emporter la palme.


À MONSIEUR CORNEILLE.
SIXAIN.

Ce n’est rien d’avoir peint une vierge beauté,
Mélite, vrai portrait de la divinité.
La grâce de l’objet embellit la peinture
Et conduit le pinceau qui ne s’égare pas ;
Mais de peindre une Veuve avec autant d’appas,
C’est un effet de l’art qui passe la nature.
Pillastre, avocat en parlement


À MONSIEUR CORNEILLE.
ÉPIGRAMME.

Toi que le Parnasse idolâtre,
Et dont le vers doux et coulant
Ne fait point voir sur le théâtre
Les effets d’un bras violent,
Esprit de qui les rares veilles
Tous les ans font voir des merveilles
Au-dessus de l’humain pouvoir,
Reçois ces vers dont Villeneuve[2],
Ravi des beautés de ta Veuve,
A fait hommage à ton savoir.

  1. Ce vers est étrangement défiguré dans l’édition originale :
    À polie (sic) doucement son vœu (sic) et son langage.
  2. Ce poëte était en relation avec Guillaume Colletet. Voyez les Divertissements de Colletet, 1631, p. 38.