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HOMMAGES ADDRESSÉS À CORNEILLE

Se trouvent à la fin des corneilles d’Horace[1],
Quand ils mettent au jour leurs comiues écrits.

Ce style familier non encore entrepris,
Ni connu de personne, a de si bonne grâce
Du théâtre françois changé la vieille face,
Que la scène tragique en a perdu le prix.

Saint-Amant[2], ne crains plus d’avouer ta patrie,
Puisque ce Dieu des vers est né dans la Neustrie,
Qui pour se rendre illustre à la postérité,

Accomplit en nos jours l’incroyable merveille
De cet oiseau fameux parmi l’antiquité,
Nous donnant un Phénix sous le nom de Corneille.
Du Petit-Val[3].


À MONSIEUR CORNEILLE.
SONNET.

Mélite, qu’un miracle a fait venir des cieux,
Les cœurs charmés à soi comme l’aimant attire ;
Mais c’est avec raison que tout le monde admire
La Veuve qui n’a pas moins d’attraits dans les yeux.

Faire parler les rois le langage des Dieux,
Faire régner l’amour, accroître son empire,
Peindre avec tant d’adresse un gracieux martyre,
Fermer si puissamment la bouche aux envieux ;


    teur de diverses poésies latines et françaises, et notamment de quatre petits poèmes intitulés : Tableaux des victoires du Roi, Paris, J. Quesnel, 1630, in-8°.

  1. Allusion à ces vers d’Horace :
    Ne si forte suas repetitum venerit olim
    Grex avium plumas, moveat cornicula risum,
    Purlivis nudata coluribus.
    (Épîtres, liv. I, ép.iii, v. 18-20.)
  2. Le poète Saint-Amant était né à Rouen, comme Corneille.
  3. Raphaël du Petit-Val, libraire et poëte de Rouen, dont on trouve des vers en tête de plusieurs ouvrages de Béroalde de Verville.