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XLI
SUR PIERRE CORNEILLE.

le traducteur y avait jointes dans plusieurs éditions, et si l’on considère le soin qu’il avait pris de les accompagner de

    d’un commis au greffe du parlement de Normandie. On lit dans le procès-verbal de la première vacation :

    Corneille. Neuf livres in-octavo couverts de parchemin, tous différents,
    10.contre les jésuites, adjugés à M. Corneille, demeurant
    rue de la Pie, à 6 livres.
    Dans celui d’une vacation suivante :
    Corneille. Un Blondi de Roma triumphante, in-folio couvert en
    227.bois, adjugé audit sieur Corneille, à 8 livres.
    Et enfin dans la sixième et dernière :
    Corneille. Un Dante italien, in-folio, adjugé audit sieur Corneille,
    244.12 livres.

    Rien jusque-là ne prouve qu’il soit ici question de Pierre plutôt que de Thomas. M. Gosselin, prévoyant l’objection, la réfute ainsi : « À cela je n’ai qu’une réponse à faire : c’est que l’année dernière, ayant trouvé à la foire de Saint-Romain un mauvais exemplaire de de Roma triumphante, j’y ai vu, à ne m’y pas tromper, cinq à six mots de la main de Pierre Corneille. J’ai voulu l’acheter, mais il était trop tard ; une personne, que je n’ai pu connaître, l’avait, avant moi, payé et fait mettre en réserve. » (Œuvres complètes de P. Corneille, édition de M. J. Taschereau, 1857, tome I, p. xxiv et xxv.)
    Il serait fort intéressant de reconstituer la bibliothèque de Corneille. Par malheur, je n’ai à mentionner, outre le volume qui lui fut donné en prix (voyez ci-dessus, p. xix), et ceux qui précèdent, que deux autres ouvrages. Encore le second donne-t-il lieu à un doute très-fondé (voyez ci-après). Ce sont : 1° les Tableaux des deux Philostrate, volume in-folio, qui porte au commencement la signature de Pierre Corneille et à la fin celle de Thomas Corneille, et était conservé par un M. de Boisguilbert près de Louviers ; le sujet de Rodogune fait partie de ces tableaux ; c’est peut-être la vue de la gravure qui a donné au poëte l’idée de le traiter. 2° Aresta amorum, Parisiis, apud J. Ruellium. Sur le titre est écrit : Par Martial d’Auvergne, procureur au parlement de Paris, Corneille ai… La fin du mot est dans la marge et ne se lit pas bien. L’orthographe ainé, avec un accent circonflexe, n’était pas inconnue du temps de Corneille ; mais nous avons toute raison de croire que ce n’était pas la sienne (voyez tome XI, p. xc).
    Le premier de ces renseignements nous a été fourni par un carton de Notes et documents manuscrits relatifs à P. Corneille, venant de M. Houel et de quelques autres personnes, et faisant partie de la bibliothèque de M. le baron Taylor, qui a bien voulu nous les communiquer ; le second est dû à l’obligeance de M. Julien Travers.