Et va dire partout, en liberté remise,
Que le Prince aujourd’hui te préserve à la fois
Des fureurs de Pymante et des rigueurs des lois.
Puisque votre clémence ordonne que je vive,
Permettez désormais, Sire, que mes desseins
Prennent des mouvements plus réglés et plus sains :
Souffrez que pour pleurer mes actions brutales,
Je fasse ma retraite avecque les Vestales,
Et qu’une criminelle indigne d’être au jour[1]
Se puisse renfermer en leur sacré séjour.
Te bannir de la cour après m’être obligée,
Ce seroit trop montrer ma faveur négligée.
[2],
De qui chacun d’horreur détourneroit les yeux.
Fusses-tu mille fois encor plus méprisable,
Ma faveur te va rendre assez considérable
Pour t’acquérir ici mille inclinations[3].
Outre l’attrait puissant de tes perfections,
Mon respect à l’amour tout le monde convie
Vers celle à qui je dois et qui me doit la vie.
Fais-le voir, cher Clitandre, et tourne ton désir[4]
Du côté que ton prince a voulu te choisir :
Réunis mes faveurs t’unissant à Dorise.
Mais par cette union mon esprit se divise,