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ACTE IV, SCÈNE II.

Ils sont entrecoupés mille gros torrents.
Que je serois heureux, si cet éclat de foudre[1],
Pour m’en faire raison, l’avoit réduite en poudre !
Allons voir ce miracle, et désarmer nos mains.
1100Si le ciel a daigné prévenir nos desseins.
Destins, soyez enfin de mon intelligence.
Et vengez mon affront, ou souffrez, ma vengeance !


Scène III.

FLORIDAN.

Quel bonheur m’accompagne en ce moment fatal !
Le tonnerre a sous moi foudroyé mon cheval,
1105Et consumant sur lui toute sa violence,
Il m’a porté respect parmi son insolence.
Tous mes gens, écartés par un subit effroi,
Loin d’être à mon secours, ont fui d’autour de moi,

  1. Var. Ô suprême faveur ! Ce grand éclat de foudre,
    Décoché sur son chef, le vient de mettre en poudre,
    Ce fer, s’il est ainsi, me va tomber des mains ;
    Ce coup aura sauvé le reste des humains.
    Satisfait par sa mort, mon esprit se modère,
    Et va sur sa charogne achever sa colère (a).
    SCÈNE III (b).
    le prince. Que d’heur en ce péril ! sans me faire aucun mal,
    [Le tonnerre a sous moi foudroyé mon cheval]
    Et consommant sur lui toute sa violence (c),
    M’a montré son respect parmi son insolence.
    Holà ! quelqu’un à moi ! Tous mes gens écartés,
    Loin de me secourir, suivent de tous côtés
    L’effroi de la tempête ou l’ardeur de la chasse.
    Cette ardeur les emporte ou la frayeur les glace.
    [Cependant seul, à pied, je pense à tous moments.] (1632-57)
    (a). Et va par ce spectacle assouvir sa colère. (1644-57)
    (b). scène iv. (1644-57)
    (c) [Et consumant sur lui toute sa violence. (1648-57)