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XXXV
SUR PIERRE CORNEILLE.

poussées plus hardies et plus enflammées en ce genre d’écrire[1]. »

Voilà qui fait pressentir le futur traducteur de l’Imitation de Jésus-Christ. Jusqu’à ce moment toutefois Corneille était exclusivement occupé du théâtre, et vers la fin de cette année 1640, ou dès les premiers jours de la suivante[2], il fit représenter Héraclius, que Boileau appelait une espèce de logogriphe[3], mais dont, malgré la complication volontaire de l’intrigue, le succès ne fut pas un instant compromis.

C’est le 22 janvier 1647, plus de dix ans après le Cid, que Corneille fut élu membre de l’Académie française, qui avait si vivement critiqué son premier chef-d’œuvre. Il s’était vu préférer successivement M. de Salomon, M. du Ryer, et il aurait peut-être encore échoué devant M. Ballesdens si celui-ci n’avait eu le bon goût de se retirer devant lui, et si d’autre part, pour lever un dernier obstacle, l’illustre candidat n’avait pris soin de faire dire à la Compagnie : « qu’il avoit disposé ses affaires de telle sorte qu’il pourroit passer une partie de l’année à Paris[4]. »

Charles le Brun reproduisit les traits du nouvel académicien dans une excellente peinture, qui est devenue le portrait communément adopté où tous le reconnaissent[5]. Ce fut, suivant

  1. Tome X, p. 445.
  2. Tome V, p. 115 et 116.
  3. Bolæana, Amsterdam, 1742, p. 112.
  4. Tome V, p. 141.
  5. Il faut consulter sur les portraits de Corneille l’excellente notice de M. Hellis intitulée : Découverte du portrait de Corneille peint par Ch. Lebrun, Rouen, le Brument, 1848, in-8°. L’auteur signale particulièrement : le portrait gravé, in-4°, de Michel Lasne, qui porte la date de 1643, et qui a été reproduit plusieurs fois en tête des œuvres du poëte, notamment dans l’édition in-12 de 1644 ; le portrait fait par le Brun en 1647, gravé en 1766 par Ficquet, et dont on peut voir la reproduction dans l’Album qui accompagne notre édition ; le portrait gravé par Vallet, d’après le dessin de Paillet, pour l’édition in-folio, de 1663, du Théâtre de Corneille ; enfin le portrait maladroitement flatté et fort peu ressemblant exécuté par Sicre, gravé par Cossin en 1683, et par Lubin pour les Hommes Illustres de Perrault, publiés de 1696 à 1701. On voit au musée de Rouen, sous le n° 477, un « Portrait de Pierre Corneille par Philippe de Champaigne, acquis en 1860 ; » mais cette attribution à Philippe de Champaigne ne paraît pas mériter beaucoup de confiance.