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CLITANDRE.

De ce commandement tient mon esprit en peine.
515Pourrai-je me résoudre à te laisser aller[1]
Sans savoir les motifs qui te font rappeler ?

CLITANDRE.

C’est, à mon jugement, quelque prompte entreprise,
Dont l’exécution à moi seul est remise ;
Mais quoi que là-dessus j’ose m’imaginer,
520C’est à moi d’obéir sans rien examiner.

FLORIDAN.

J’y consens à regret : va, mais qu’il te souvienne[2]
Que je chéris ta vie à l’égal de la mienne,
Et si tu veux m’ôter de cette anxiété,
Que j’en sache au plus tôt toute la vérité.
525Ce cor m’appelle[3]. Adieu. Toute la chasse prête
N’attend que ma présence à relancer la bête.


Scène VI.

DORISE, achevant de vêtir l’habit de Géronte, qu’elle avoit trouvé dans le bois[4].

Achève, malheureuse, achève de vêtir
Ce que ton mauvais sort laisse à te garantir.
Si de tes trahisons la jalouse impuissance
530Sut donner un faux crime à la même innocence,

  1. Var. Le moyen, cher ami, que je te laisse aller. (1632-57)
  2. Var. [J’y consens à regret : va, mais qu’il te souvienne]
    Combien le Prince t’aime, et quoi qu’il te survienne (a).
    Que j’en sache aussitôt toute la vérité :
    Jusque-là mon esprit n’est qu’en perplexité.(1632-57)
    (a). Combien ton Prince t’aime, et quoi qu’il te survienne. (1644-57)
  3. En marge, dans l’édition de 1632 : On sonne du cor derrière le théâtre.
  4. Var. Elle entre demi-vêtue de l’habit de Géronte, qu’elle avoit trouvé dans le bois, avec celui de Pymante et de Lycaste. (1632, en marge.) — Elle sort demi-vêtue de l’habit de Géronte, qu’elle avoit trouvé dans le bois. (1663, en marge.)