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XXXII
NOTICE BIOGRAPHIQUE

nomie vive, des traits fort marqués et propres à être transmis à la postérité dans une médaille ou dans un buste. Sa prononciation n’étoit pas tout à fait nette ; il lisoit ses vers avec force, mais sans grâce[1]. »

Enfin Corneille, confirmant par avance ces divers témoignages, a dit de lui-même :

… L’on peut rarement m’écouter sans ennui,
Que quand je me produis par la bouche d’autrui[2].

Heureusement le jeu des acteurs mit en relief les beautés de l’admirable tragédie dont le débit de l’auteur et les préjugés de ses auditeurs avaient un instant compromis le succès, et Polyeucte parcourut une longue et fructueuse carrière[3]. Les contemporains de Corneille nous l’ont appris, sans nous fournir toutefois les éléments d’une relation quelque peu suivie de la première représentation de ce chef-d’œuvre, dont la date même est douteuse. On l’a généralement placée à l’année 1640, mais un passage de la lettre latine du 12 décembre 1642, dans laquelle Sarrau engage Corneille à écrire un éloge funèbre de Richelieu, semble devoir la reporter à l’année 1643[4]

Pompée et le Menteur, ces deux pièces si différentes, sont, comme nous l’apprend Corneille[5], « parties toutes deux de la même main, dans le même hiver. » Mais quel est cet hiver ? Celui de 1641-1642, dit-on généralement ; ce serait plutôt

  1. Œuvres de Fontenelle, tome III, p. 124 et 125.
  2. Tome X, p. 477
  3. Voyez tome III, p. 466-468.
  4. Voyez tome X, p. 424. — Si cette date était adoptée, ce serait à la lecture de Polyeucte dont nous venons de parler que se rapporterait en partie le passage suivant de la Bibliothèque de Goujet, que nous avons cité au tome IV (p. 277*), dans la Notice de la Suite du Menteur. « Ces lettres (de Chapelain)… montrent aussi que Corneille fréquentolt souvent M. le chancelier Seguier et l’hôtel de Rambouillet, et qu’il lisoit ses pièces dramatiques avant de les livrer au théâtre. » (Lettres du 16 août 1643 et du 8 novembre 1652.).
    *. Où il faut, dans la note 2, remplacer tome XVII par tome XVIII.
  5. Tome IV, p. 130.