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CLITANDRE.

Et qu’ainsi mon esprit ne fait que s’exciter
À ce que ma colère a droit d’exécuter[1].

DORISE, seule[2].

Si ma ruse est enfin de son effet suivie,
130Cette aveugle chaleur te va coûter la vie[3] :
Un fer caché me donne en ces lieux écartés
La vengeance des maux que me font tes beautés.
Tu m’ôtes Rosidor, tu possèdes son âme :
Il n’a d’yeux que pour toi, que mépris pour ma flamme ;
135Mais puisque tous mes soins ne le peuvent gagner,
J’en punirai l’objet qui m’en fait dédaigner[4].


Scène V.

PYMANTE, GÉRONTE, sortants d’une grotte[5], déguisés en paysans.
GÉRONTE.

En ce déguisement on ne peut nous connoître,
Et sans doute bientôt le jour qui vient de naître
Conduira Rosidor, séduit d’un faux cartel[6],

  1. Var. Aux desseins enragés qu’il veut exécuter. (1632-57)
  2. Caliste va toujours devant, et Dorise demeure seule. (1632, en marge.)
  3. Var. Ces desseins enragés te vont coûter la vie :
    Un fer caché me donne en ces lieux sans secours
    La fin de mes malheurs dans celle de tes jours ;
    Et lors ce Rosidor qui possède mon âme,
    Cet ingrat qui t’adore et néglige ma flamme,
    Que mes affections n’ont encor su gagner,
    Toi morte, n’aura plus pour qui me dédaigner. (1632-57)
  4. En marge, dans l’édition de 1632 : Elle va rejoindre Caliste.
  5. Var. D’une caverne. (1644-60) — Ils sortent d’une grotte, déguisés en paysans. (1663, en marge.) — Dans l’édition de 1632, les scènes v et vi sont réunies en une seule, en tête de laquelle on lit : pymante, géronte, écuyer de Clitandre ; lycaste, page de Clitandre. À la marge, auprès des premiers vers de la scène : Pymante et Géronte sortent d’une caverne, seuls et déguisés en paysans.
  6. Var. Amène Rosidor, séduit d’un faux cartel. (1632-57)