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ACTE I, SCÈNE II.

À celle que j’adore, et qui brûle pour moi
J’aime mieux contenter ton humeur curieuse,
70Qui par ces faux soupçons m’est trop injurieuse.
Tant s’en faut que le change ait pour moi des appas[1],
Tant s’en faut qu’en ces bois il attire mes pas :
J’y vais… Mais pourrois-tu le savoir et le taire ?

LYSARQUE.

Qu’ai-je fait qui vous porte à craindre le contraire[2] ?

ROSIDOR.

75Tu vas apprendre tout ; mais aussi, l’ayant su,
Avise à ta retraite. Hier un cartel reçu[3]
De la part d’un rival…

LYSARQUE.

De la part d’un rival…Vous le nommez ?

ROSIDOR.

De la part d’un rival…Vous le nommez ?Clitandre.
Au pied du grand rocher il me doit seul attendre[4] ;
Et là, l’épée au poing, nous verrons qui des deux
80Mérite d’embraser Caliste de ses feux.

LYSARQUE.

De sorte qu’un second…

ROSIDOR.

De sorte qu’un second…Sans me faire une offense,
Ne peut se présenter à prendre ma défense :
Nous devons seul à seul vider notre débat.



    À celle que j’adore et qui n’aime que moi.
    lys. Bien que vous en ayez, une entière assurance.
    Vous pouvez vous lasser de vivre d’espérance,
    Et tandis que l’attente amuse vos désirs,
    Prendre ailleurs quelquefois de solides plaisirs.
    ros. Purge, purge d’erreur ton âme curieuse,
    [Qui par ces faux soupçons m’est trop injurieuse.] (1632-57)

  1. Voyez la note relative au vers 96 de Mélite.
  2. Var. Monsieur, pour en douter que vous ai-je pu faire ? (1632-57)
  3. Var. Avise à ta retraite. Hier le cartel reçu. (1657)
  4. Var. lys. Et ce cartel contient ? ros. Que seul il doit m’attendre
    Près du chêne sacré, pour voir qui de nous deux. (1632-57)