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MÉLITE.
ÉRASTE.

Heureux dans mon malheur, c’est dont je les supplie ;
Mais ma félicité ne peut être accomplie
1785Jusqu’à ce qu’après vous son aveu m’ait permis[1]
D’aspirer à ce bien que vous m’avez promis.

CLORIS.

Aimez-moi seulement, et pour la récompense
On me donnera bien le loisir que j’y pense.

TIRCIS.

Oui, sous condition qu’avant la fin du jour[2]
1790Vous vous rendrez sensible à ce naissant amour[3].

CLORIS.

Vous prodiguez en vain vos foibles artifices ;
Je n’ai reçu de lui ni devoirs ni services.

MÉLITE.

C’est bien quelque raison ; mais ceux qu’il m’a rendus,
Il ne les faut pas mettre au rang des pas perdus.
1795Ma sœur, acquitte-moi d’une reconnoissance
Dont un autre destin m’a mise en impuissance[4] :
Accorde cette grâce à nos justes desirs.

TIRCIS.

Ne nous refuse pas ce comble à nos plaisirs[5].

  1. Var. Jusqu’à ce que ma belle après vous m’ait permis. (1633-57)
  2. Var. Oui, jusqu’à cette nuit, qu’ensemble, ainsi que nous,
    Vous goûterez d’Hymen les plaisirs les plus doux.
    clor. Ne le présumez pas, je veux après Philandre (a)
    L’éprouver tout du long de peur de me méprendre.
    la nourr. (b) Mais de peur qu’il n’en fasse autant que l’autre a fait,
    Attache-le d’un nœud qui jamais ne défait.
    [clor. Vous prodiguez en vain vos foibles artifices.] (1633-57)
    (a). Ne le présumes (sic) pas, je veux après Philandre. (1633)
    (b). la nourrice, à Cloris. (1648)
  3. Var. Vous vous rendrez sensible à son naissant amour. (1660)
  4. Var. Dont un destin meilleur m’a mise en impuissance. (1633-57)
  5. Var. la nourr. (c) Tu ferois mieux de dire : À ses propres plaisirs. (1633-57)
    (c). la nourrice, à Mélite. (1648)