Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
MÉLITE.

Vous l’avez regardé d’un œil plus favorable.

CLORIS.

Vous devinez fort mal.

TIRCIS.

Vous devinez fort mal.Quoi, tu l’as dédaigné ?

CLORIS.

Du moins, tous ses discours n’ont encor rien gagné[1].

MÉLITE.

Si bien qu’à n’aimer plus votre dépit s’obstine ?

CLORIS.

1680Non pas cela du tout, mais je suis assez fine :
Pour la première fois, il me dupe qui veut ;
Mais pour une seconde, il m’attrape qui peut.

MÉLITE.

C’est-à-dire, en un mot…

CLORIS.

C’est-à-dire, en un mot…Que son humeur volage[2]
Ne me tient pas deux fois en un même passage ;
1685En vain dessous mes lois il revient se ranger.
Il m’est avantageux de l’avoir vu changer,
Avant que de l’hymen le joug impitoyable[3],
M’attachant avec lui, me rendît misérable[4].
Qu’il cherche femme ailleurs, tandis que de ma part
1690J’attendrai du destin quelque meilleur hasard. 1690

MÉLITE.

Mais le peu qu’il voulut me rendre de service
Ne lui doit pas porter un si grand préjudice.

  1. Var. Au moins tous ses discours n’ont encor rien gagné. (1633-57)
  2. Var. Qu’inférez-vous par-là ? [clor. Que son humeur volage.] (1633-57)
  3. Var. Paravant que l’hymen, d’un joug inséparable. (1633)
    Var. Avant que de l’hymen le joug inséparable. (1644-57)
  4. Var. Me soumettant à lui, me rendit misérable.
    Qu’il cherche femme ailleurs, et pour moi, de ma part. (1633-57)