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NOTICE BIOGRAPHIQUE

déry[1], les titres et l’analyse des pamphlets publiés contre Corneille[2] ; le texte complet de tous ceux auxquels on a prétendu qu’il avait eu, au moins indirectement, quelque part[3] ; enfin les Sentiments de l’Académie[4].

Au mois de janvier 1637, Pierre Corneille père reçut des lettres de noblesse[5], qu’il avait méritées, mais que, sans l’éclat jeté sur son nom par son fils, il n’eût peut-être jamais obtenues, disions-nous dans notre notice sur le Cid[6]. Les découvertes intéressantes faites par M. Gosselin, depuis le moment où nous nous exprimions de la sorte, ont établi que nous avions raison plus encore que nous ne pouvions le supposer. Investi en 1599, comme nous l’avons dit, de sa charge de maître des eaux et forêts, Pierre Corneille père y avait trouvé maintes occasions de déployer sa fermeté et son courage. Plus d’une fois il avait eu à réprimer, les armes à la main, les vols de bois qui se commettaient dans les forêts, et les registres du Parlement attestent avec quels soins vigilants il s’appliquait à réprimer tout désordre et à maintenir ses agents dans le devoir. Par malheur, si Pierre Corneille, le père, était énergique et intègre, il avait un caractère âpre et absolu, qui lui attira beaucoup d’ennemis. Des difficultés qu’il eut avec Amfrye, son verdier[7], amenèrent, à l’occasion d’un mur indûment élevé sur la limite de la propriété de Petit-Couronne, un très-long procès, que Pierre Corneille perdit le 1er juin 1618. En 1620, sans attendre que son fils fût en âge de lui succéder, il donna sa démission. Il avait donc quitté ses fonctions depuis dix-sept ans, lorsque, au mois de janvier 1637, on lui accorda des lettres de noblesse pour le récompenser de la manière dont il s’en était acquitté. N’est-il pas évident par là que ses bons services étaient fort oubliés, et que les exploits de Rodrigue vinrent grandement en aide à la

  1. Tome XII, p. 441-461.
  2. Tome XII, p. 502-515.
  3. Tome III, p. 53-76.
  4. Tome XII, p. 463-501.
  5. Voyez Pièces justificatives, n° IV, et, dans l’Album les armoiries de la famille Corneille.
  6. Tome III, p. 16.
  7. On appelait ainsi, dit l’Académie, un officier établi pour commander aux gardes d’une forêt éloignée des maîtrises.