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MÉLITE.

Me voilà trop heureux, puisque par mon adresse
Mélite est sans amant, et Tircis sans maîtresse ;
1245Et comme si c’étoit trop peu pour me venger,
Philandre et sa Cloris courent même danger.
Mais par quelle raison leurs âmes désunies[1]
Pour les crimes d’autrui seront-elles punies ?
Que m’ont-ils fait tous deux pour troubler leurs accords ?
1250Fuyez de ma pensée, inutiles remords[2]
La joie y veut régner, cessez de m’en distraire.
Cloris m’offense trop d’être sœur d’un tel frère,
Et Philandre, si prompt à l’infidélité,
N’a que la peine due à sa crédulité[3].
1255Mais que me veut Cliton qui sort de chez Mélite ?


Scène VI.

ÉRASTE, CLITON.
CLITON.

Monsieur, tout est perdu : votre fourbe maudite,
Dont je fus à regret le damnable instrument,
A couché de douleur Tircis au monument.

  1. Var. Mais à quelle raison leurs âmes désunies, (1633-63)
  2. Var. Fuyez de mon penser, inutiles remords ;
    J’en ai trop de sujet de leur être contraire :
    Cloris m’offense trop, étant sœur d’un tel frère. (1633-57)
  3. Var. [N’a que la peine due à sa crédulité.]
    Allons donc sans scrupule, allons voir cette belle ;
    Faisons tous nos efforts à nous rapprocher d’elle,
    Et tâchons de rentrer en son affection,
    Avant qu’elle ait rien su de notre invention (a).
    Cliton sort de chez elle.
    SCÈNE VI.
    ÉRASTE, CLITON.
    ér. Eh bien ! que fait Mélite ?
    [cli. Monsieur, tout est perdu : votre fourbe maudite.] (1633-57)
    (a). Avant qu’elle ait rien su de notre intention. (1654)