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ACTE IV, SCÈNE II.
MÉLITE.

La pure vérité.Vraiment, en voulant rire,
1205Vous passez trop avant ; brisons là, s’il vous plaît.
Jo ne vois point Philandre, et ne sais quel il est.

CLORIS.

Vous en croirez[1] du moins votre propre écriture[2].
Tenez, voyez, lisez.

MÉLITE.

Tenez, voyez, lisez.Ah, Dieux ! quelle imposture !
Jamais un de ces traits ne partit de ma main.

CLORIS.

1210Nous pourrions demeurer ici jusqu’à demain,
Que vous persisteriez dans la méconnoissance :
Je les vous laisse. Adieu.

MÉLITE.

Je les vous laisse. Adieu.Tout beau, mon innocence
Veut apprendre de vous le nom de l’imposteur[3],
Pour faire retomber l’affront sur son auteur.

CLORIS.

1215Vous pensez me duper, et perdez votre peine.
Que sert le désaveu quand la preuve est certaine ?
À quoi bon démentir ? à quoi bon dénier… ?

MÉLITE.

Ne vous obstinez point à me calomnier ;
Je veux que, si jamais j’ai dit mot à Philandre…

CLORIS.

1220Remettons ce discours : quelqu’un vient nous surprendre ;

  1. L’édition de 1664 donne : vous croiriez, pour vous croirez, ce qui est sans doute une faute d’impression.
  2. Var. Vous en voulez bien croire au moins votre écriture. (1633-57)
  3. Var. Veut savoir par avant le nom de l’imposteur,
    Afin que cet affront retombe sur l’auteur.
    clor. Vous voulez m’affiner ; mais c’est peine perdue :
    Mélite, que vous sert de faire l’entendue ?
    La chose étant si claire, à quoi bon la nier ? (1633-57)