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ACTE IV, SCÈNE I.

ACTE IV.



Scène première.

MÉLITE, La Nourrice.
LA NOURRICE.

Cette obstination à faire la secrète
M’accuse injustement d’être trop peu discrète[1].

MÉLITE.

1065Ton importunité n’est pas à supporter :
Ce que je ne sais point, te le puis-je conter ?

LA NOURRICE.

Les visites d’Éraste un peu moins assidues
Témoignent quelque ennui de ses peines perdues,

  1. Var. [M’accuse injustement d’être trop peu discrète.]
    mél. Vraiment tu me poursuis avec trop de rigueur :
    Que te puis-je conter, n’ayant rien sur le cœur ?
    la nourr. Un chacun fait à l’œil des remarques aisées,
    Qu’Éraste, abandonnant ses premières brisées,
    Pour te mieux témoigner son refroidissement,
    Cherche sa guérison dans un bannissement.
    Tu m’en veux cependant ôter la connoissance ;
    Mais si jamais sur toi j’eus aucune puissance,
    Par ce que tous les jours en tes affections
    Tu recois de profit de mes instructions (a),
    Apprends-moi ce que c’est. mél. Et que sais-je, Nourrice,
    Des fantasques ressorts qui meuvent son caprice ?
    Ennuyé d’un esprit si grossier que le mien,
    [Il cherche ailleurs peut-être un meilleur entretien.] (1633-57)
    (a). Dans l’édition de 1657, probablement par erreur :
    Parce que tous les jours, en tes affections,
    Tu recois du profit de mes instructions.