Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
MÉLITE.
TIRCIS.

Et puisqu’il est pour toi…Que ta longueur me tue !
Dépêche.

PHILANDRE.

Dépêche.Le voilà que je te restitue.

autre lettre supposée de mélite à philandre.

Vous n’avez plus affaire qu’à Tircis ; je le souffre encore, afin que par sa hantise je remarque plus exactement ses défauts et les fasse mieux goûter à ma mère. Après cela Philandre et Mélite auront tout loisir de rire ensemble des belles imaginations dont le frère et la sœur ont repu leurs espérances.

PHILANDRE.

845Te voilà tout rêveur, cher ami ; par ta foi,
Crois-tu que ce billet s’adresse encore à toi[1] ?

TIRCIS.

Traître ! c’est donc ainsi que ma sœur méprisée
Sert à ton changement d’un sujet de risée ?
C’est ainsi qu’à sa foi Mélite osant manquer[2],
850D’un parjure si noir ne fait que se moquer ?
C’est ainsi que sans honte à mes yeux tu subornes[3]
Un amour qui pour moi devoit être sans bornes ?
Suis-moi tout de ce pas, que l’épée à la main[4]



    Encore une, qu’il faut que je te restitue.
    tirs. Dépêche, ta longueur importune me tue. (1633-57)

  1. Var. Crois-tu que celle-là s’adresse encore à toi ? (1633-57)
  2. Var. Qu’à tes suasions Mélite osant manquer
    À ce qu’elle a promis, ne s’en fait que moquer ?
    Qu’oubliant tes serments, déloyal tu subornes
    [Un amour qui pour moi devoit être sans bornes ?] (1633-57)
  3. Suborner, séduire, appliqué ainsi aux passions, aux sentiments, est fréquent dans Corneille. Voyez le Lexique.
  4. Var. Avise à te défendre ; un affront si cruel
    Ne peut se réparer à moins que d’un duel ;
    [Il faut que pour tous deux ta tête me réponde.] (1633-57)