Je commence à m’estimer quelque chose, puisque je vous plais ; et mon miroir m’offense tous les jours, ne me représentant pas assez belle, comme je m’imagine qu’il faut être pour mériter votre affection. Aussi je veux bien que vous sachiez que Mélite ne croit la posséder que par faveur[1], ou comme une récompense extraordinaire d’un excès d’amour, dont elle tâche de suppléer au défaut des grâces que le ciel lui a refusées.
Maintenant qu’en dis-tu ? n’est-ce pas t’affronter[2] ?
Cette lettre en tes mains ne peut m’épouvanter.
La raison ?
Et par galanterie il t’a pris pour moi-même[3],
Comme aussi ce n’est qu’un de deux parfaits amis.
Voilà bien te flatter plus qu’il ne t’est permis,
Et pour ton intérêt aimer à te méprendre[4].
Afin qu’encore un coup je sois ainsi déçu.
Oui, j’ai quelque billet que tantôt j’ai reçu[5],
Et puisqu’il est pour toi…
- ↑ Var. Aussi la pauvre Mélite ne la croit posséder que par faveur. (1633-57)
- ↑ Affronter, tromper avec audace.
- ↑ Var. Et par un gentil trait il t’a pris pour moi-même,
D’autant que ce n’est qu’un de deux parfaits amis. (1633-57) - ↑ Var. Et pour ton intérêt dextrement te méprendre. (1633-57)
- ↑ Var. C’est par là qu’il t’en plaît ? oui-da ; j’en ai reçu