Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
MÉLITE.

Qui n’en sont pas toujours de fort sûrs témoignages ;
Je n’ai que sa parole, et ne veux que sa foi.

PHILANDRE.

Je connois donc quelqu’un plus avancé que toi[1].

TIRCIS.

J’entends qui tu veux dire, et pour ne te rien feindre,
820Ce rival est bien moins à redouter qu’à plaindre.
Éraste, qu’ont banni ses dédains rigoureux…

PHILANDRE.

Je parle de quelque autre un peu moins malheureux.

TIRCIS.

Je ne connois que lui qui soupire pour elle.

PHILANDRE.

Je ne te tiendrai point plus longtemps en cervelle[2] :
825Pendant qu’elle t’amuse avec ses beaux discours,
Un rival inconnu possède ses amours,
Et la dissimulée, au mépris de ta flamme,
Par lettres chaque jour lui fait don de son âme.

TIRCIS.

De telles trahisons lui sont trop en horreur.

PHILANDRE.

830Je te veux par pitié tirer de cette erreur.
Tantôt, sans y penser, j’ai trouvé cette lettre ;
Tiens, vois ce que tu peux désormais t’en promettre.

  1. Var. J’en connois donc quelqu’un plus avancé que toi. (1663)
  2. Tenir en cervelle, inquiéter, tenir dans l’inquiétude. Voyez la Lexique.