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ACTE III, SCÈNE I.

ACTE III.



Scène première.

PHILANDRE.

735Tu l’as gagné, Mélite, il ne m’est pas possible[1]
D’être à tant de faveurs plus longtemps insensible.
Tes lettres où sans fard tu dépeins ton esprit,
Tes lettres où ton cœur est si bien par écrit.
Ont charmé tous mes sens par leurs douces promesses[2].
740Leur attente vaut mieux, Cloris, que tes caresses.
Ah ! Mélite, pardon ! je t’offense à nommer
Celle qui m’empêcha si longtemps de t’aimer.
Souvenirs importuns d’une amante laissée,
Qui venez malgré moi remettre en ma pensée
745Un portrait que j’en veux tellement effacer[3]
Que le sommeil ait peine à me le retracer,
Hâtez-vous de sortir sans plus troubler ma joie,
Et retournant trouver celle qui vous envoie,
Dites-lui de ma part pour la dernière fois
750Qu’elle est en liberté de faire un autre choix ;
Que ma fidélité n’entretient plus ma flamme,
Ou que s’il m’en demeure encore un peu dans l’âme,
Je souhaite en faveur de ce reste de foi
Qu’elle puisse gagner au change autant que moi[4].

  1. Var. Tu l’as gagné, Mélite ; il ne m’est plus possible
    D’être à tant de faveurs désormais insensible. (1633-57)
  2. Var. Ont charmé tous mes sens de leurs douces promesses. (1633-60)
  3. Var. Un portrait que je veux tellement effacer. (1660)
  4. Var. [Qu’elle puisse gagner au change autant que moi.]
    Dites-lui de ma part que depuis que le monde