Sont des civilités qu’en l’âme ils désavouent.
J’y donne une raison de ton sort inhumain.
Allons, je le veux voir présenter de ta main
À ce charmant objet dont ton âme est blessée[2].
Fait que je ne saurois pour l’heure m’en charger.
Tu trouveras ailleurs un meilleur messager.
La belle humeur de l’homme ! Ô Dieux, quel personnage !
Quel ami j’avois fait de ce plaisant visage !
Une mine froncée, un regard de travers,
C’est le remercîment que j’aurai de mes vers.
Je manque, à son avis, d’assurance ou d’adresse.
Pour les donner moi-même à sa jeune maîtresse,
Et prendre ainsi le temps de dire à sa beauté
L’empire que ses yeux ont sur ma liberté. 670
Je pense l’entrevoir par cette jalousie :
Oui, mon âme de joie en est toute saisie[4].
Hélas ! et le moyen de pouvoir lui parler[5],
Si mon premier aspect l’oblige à s’en aller ?
Que cette joie est courte, et qu’elle est cher vendue[6] !
Toutefois tout va bien, la voilà descendue.
Ses regards pleins de feu s’entendent avec moi[7] ;
Que dis-je ? en s’avançant elle m’appelle à soi.
- ↑ En marge, dans l’édition de 1633 : Il montre du doigt la fin de son sonnet a Éraste.
- ↑ Var. À ce divin objet dont ton âme est blessée. (1633-57)
- ↑ Var. Feignant de lui rendre son sonnet, il le fait choir et Tirsis le ramasse. (1633, en marge.) — Il lui rend le sonnet. (1663, en marge.)
- ↑ En marge, dans l’édition de 1633 : Mélite se retire de la jalousie et descend.
- ↑ Var. Hélas ! et le moyen de lui pouvoir parler. (1633-57)
- ↑ Var. Que d’un petit coup d’œil l’aise m’est cher vendue ! (1633-57)
- ↑ Var. Ses regards pleins de feux s’entendent avec moi. (1633-68)