Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
MÉLITE.
ÉRASTE.

Avise toutefois, le prétexte est plausible.

PHILANDRE.

J’en serois mal voulu des hommes et des Dieux.

ÉRASTE.

630On pardonne aisément à qui trouve son mieux.

PHILANDRE.

Mais en quoi gît ce mieux ?

ÉRASTE.

Mais en quoi gît ce mieux ?En esprit, en richesse[1].

PHILANDRE.

Ô le honteux motif à changer de maîtresse !

ÉRASTE.

En amour.

PHILANDRE.

En amour.Cloris m’aime, et si je m’y connoi,
Rien ne peut égaler celui qu’elle a pour moi.

ÉRASTE.

635Tu te détromperas, si tu veux prendre garde
À ce qu’à ton sujet l’une et l’autre hasarde.
L’une en t’aimant s’expose au péril d’un mépris :
L’autre ne t’aime point que tu n’en sois épris ;
L’une t’aime engagé vers une autre moins belle :
640L’autre se rend sensible à qui n’aime rien qu’elle ;
L’une au desçu[2] des siens te montre son ardeur,
Et l’autre après leur choix quitte un peu sa froideur ;
L’une…

PHILANDRE.

L’une…Adieu : des raisons de si peu d’importance

  1. Var. Ce mieux gît en richesse.
    phil. Ô le sale motif à changer de maîtresse !
    ér. En amour. phil. Ma Cloris m’aime si chèrement
    Qu’un plus parfait amour ne se voit nullement.
    ér. Tu le verras assez, si tu veux prendre garde. (1633-57)
  2. À l’insu. Voyez le Lexique.