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MÉLITE.
TIRCIS.

545Tu devines, ma sœur : cela me fait mourir.

CLORIS.

Ce sont vaines frayeurs dont je veux te guérir[1]
Depuis quand ton Éraste en tient-il pour Mélite ?

TIRCIS.

Il rend depuis deux ans hommage à son mérite.

CLORIS.

Mais dit-il les grands mots ? parle-t-il d’épouser ?

TIRCIS.

Presque à chaque moment.

CLORIS.

550Presque à chaque moment.Laisse-le donc jaser.
Ce malheureux amant ne vaut pas qu’on le craigne ;
Quelque riche qu’il soit, Mélite le dédaigne :
Puisqu’on voit sans effet deux ans d’affection,
Tu ne dois plus douter de son aversion ;
555Le temps ne la rendra que plus grande et plus forte.
On prend soudain au mot les hommes de sa sorte[2],

  1. Var. Vaine frayeur pourtant dont je veux te guérir.
    tirs. M’en guérir ! clor. Laisse faire : Éraste sert Mélite,
    Non pas ? mais depuis quand (a) ? tirs. Depuis qu’il la visite
    Deux ans se sont passés, clor. Mais dedans ses discours
    Parle-t-il d’épouser ? tirs. Oui, presque tous les jours.
    clor. Donc, sans l’appréhender, poursuis ton (b) entreprise ;
    Avecque tout son bien Mélite le méprise.
    [Puisqu’on voit sans effet deux ans d’affection]. (1633-57)
    Var. Ce sont vaines frayeurs dont je te veux guérir. (1660)
    (a). Mais sais-tu depuis quand ? (1654)
    (b). Son pour ton, dans l’édition de 1657, est évidemment une faute.
  2. Var. On prend au premier bond les hommes de sa sorte (c).
    De crainte qu’à la longue ils n’éteignent leur feu (d).
    tirs. Mais il faut redouter une mère. clor. Aussi peu.
    tirs. Sa puissance pourtant sur elle est absolue.
    clor. Oui, mais déjà l’affaire en seroit résolue.
    Et ton rival auroit de quoi se contenter. (1633-57)
    (c). On prend au premier bond les hommes de la sorte. (1652-57)
    On prend soudain au mot les hommes de la sorte. (1660)
    (d). De peur qu’avec le temps ils n’éteignent leur feu. (1644-57)