Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
ACTE II, SCÈNE I.

Presque à tous les moments le ramène en lui-même[1] ;
Et tout rêveur qu’il est, il n’a point de soucis
380Qu’un soupir ne trahisse au seul nom de Tircis.
Loirs, par le prompt effet d’un changement étrange,
Son silence rompu se déborde en louange.
Elle remarque en lui tant de perfections.
Que les moins éclairés verroient ses passions[2].
385Sa bouche ne se plaît qu’en cette flatterie,
Et tout autre propos lui rend sa rêverie.
Cependant chaque jour au discours attachés[3],
Ils ne retiennent plus leurs sentiments cachés :
Ils ont des rendez-vous où l’amour les assemble ;
390Encore hier sur le soir je les surpris ensemble ;
Encor tout de nouveau je la vois qui l’attend.
Que cet œil assuré marque un esprit content !
Perds tout respect, Éraste, et tout soin de lui plaire[4] ;
Rends, sans plus différer, ta vengeance exemplaire ;
395Mais il vaut mieux t’en rire, et pour dernier effort
Lui montrer en raillant combien elle a de tort.


Scène II.

ÉRASTE, MÉLITE.
ÉRASTE.

Quoi ! seule et sans Tircis ! vraiment c’est un prodige,
Et ce nouvel amant déjà trop vous néglige,

  1. Var. Presques à tous moments le ramène en lui-même. (1633-68)
  2. Var. Que les moins avisés verroient ses passions. (1633-60)
  3. Var. Cependant chaque jour au babil attachés. (1633-57)
    Var. Cependant chaque jour aux discours attachés. (1660-68)
  4. Var. Sus donc, perds tout respect et tout soin de lui plaire,
    Et rends dessus le champ ta vengeance exemplaire.
    Non, il vaut mieux s’en rire, et pour dernier effort. (1633-57)