Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
ACTE I, SCÈNE IV.
CLORIS.

305C’est sans difficulté, m’y voyant exprimée.

PHILANDRE.

Quitte ce vain orgueil dont ta vue est charmée.
Tu n’y vois que mon cœur, qui n’a plus un seul trait
Que ceux qu’il a reçus de ton charmant portrait[1],
Et qui tout aussitôt que tu t’es fait paroître[2],
310Afin de te mieux voir s’est mis à la fenêtre.

CLORIS.

Le trait n’est pas mauvais ; mais puisqu’il te plaît tant[3],
Regarde dans mes yeux, ils t’en montrent autant,
Et nos feux tous pareils ont mêmes étincelles[4].

PHILANDRE.

Ainsi, chère Cloris, nos ardeurs mutuelles,
315Dedans cette union prenant un même cours,
Nous préparent un heur qui durera toujours.
Cependant, en faveur de ma longue souffrance[5]

CLORIS.

Tais-toi, mon frère vient.

  1. Var. Que ceux qu’il a reçus de ton divin portrait. (1633-60)
  2. Var. Et qui tout aussitôt que tu te fais paroître,
    Afin de te mieux voir se met à la fenêtre. (1648)
  3. Var. Dois-je prendre ceci pour de l’argent comptant ?
    Oui, Philandre, et mes yeux t’en vont montrer autant. (1633-57)
  4. Var. Nos brasiers tous pareils ont mêmes étincelles. (1633-64)
  5. Var. Cependant un baiser accordé par avance
    Soulageroit beaucoup ma pénible souffrance.
    clor. Prends-le sans demander, poltron, pour un baiser (a)
    Crois-tu que ta Cloris te voulût refuser ?
    SCÈNE V.

    TIRSIS, PHILANDRE, CLORIS.


    tirs. (b) Voilà traiter l’amour justement bouche à bouche ;
    C’est par où vous alliez commencer l’escarmouche ?
    Encore n’est-ce pas trop mal passé son temps.
    [phil. Que t’en semble, Tirsis ? (1633-57)
    (a). Le pourrai-je obtenir ? clor. Pour si peu qu’un baiser. (1644-57)
    (b). Eu marge, dans l’édition de 1633 : Il les surprend sur ce baiser.