[1] ;
Ce n’est plus lors qu’une aide à faire un favori[2],
Un charme pour tout autre, et non pour un mari.
Ces caprices honteux et ces chimères vaines
Ne sauroient ébranler des cervelles bien saines,
Et quiconque a su prendre une fille d’honneur
N’a point à redouter l’appas[3] d’un suborneur.
Peut-être dis-tu vrai ; mais ce choix difficile
Assez et trop souvent trompe le plus habile,
Et l’hymen de soi-même est un si lourd fardeau,
Qu’il faut l’appréhender à l’égal du tombeau.
S’attacher pour jamais aux côtés d’une femme[4] !
Perdre pour des enfants le repos de son âme !
Voir leur nombre importun remplir une maison[5] !
Ah ! qu’on aime ce joug avec peu de raison !
C’est en vain qu’on refuit, tôt ou tard on s’y brûle[6] ;
Pour libertin qu’on soit, on s’y trouve attrapé :
Toi-même, qui fais tant le cheval échappé[7],
Nous te verrons un jour songer au mariage[8]
Alors ne pense pas que j’épouse un visage :
- ↑ Var. S’il advient qu’à ses yeux quelqu’un la galantise. (1633-57)
- ↑ Var. Ce n’est plus lors qu’un aide à faire un favori. (1633-60)
- ↑ Corneille ne distingue pas par l’orthographe appât (appâts) et appas, dont nous faisons deux mots. Il écrit appas dans tous les sens, tant au singulier qu’au pluriel.
- ↑ Var. S’attacher pour jamais au côté(a) d’une femme. (1633-54)
(a). Dans l’édition de 1657 : « aux côté d’une femme. » La faute est-elle à l’article ou au nom, et faut-il lire au côté ou aux côtés ? - ↑ Var. Quand leur nombre importun accable la maison. (1633-57)
- ↑ Var. C’est en vain que l’on fuit, tôt ou tard on s’y brûle. (1633-57)
- ↑ Var. Toi-même qui fais tant du cheval échappé. (1660-63)
- ↑ Var. Un jour nous te verrons songer au mariage. (1633-60)