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NOTICE.

droit d’où vous l’avez pris, et l’on en avertira le monde en temps et lieu. »

L’époque de la première représentation de Mélite n’est guère moins incertaine que les circonstances qui en ont fourni le sujet. « Mélite fut jouée en 1625, » dit Fontenelle, et, jusqu’à la publication de l’Histoire du théâtre françois des frères Parfait, cette date a été acceptée sans contrôle ; mais ils ont fait observer que la pièce en question n’avait pu être représentée avant 1629, en s’appuyant sur ce passage de l’Épître dédicatoire comique et familière des Galanteries du duc d’Ossonne, vice-roi de Naples, comédie de Mairet : « Il est très-vrai que si mes premiers ouvrages ne furent guère bons, au moins ne peut-on nier qu’ils n’ayent été l’heureuse semence de beaucoup d’autres meilleurs, produits par les fécondes plumes de Messieurs de Rotrou, de Scudéry, Corneille et du Ryer, que je nomme ici suivant l’ordre du temps qu’ils ont commencé d’écrire après moi. »

Si ce témoignage curieux est rigoureusement exact, et il y a tout lieu de le croire, nous arrivons presque à une date précise, et nous ne pouvons hésiter qu’entre la fin de 1629 et le commencement de 1630.

En effet Scudéry nous apprend, dans la préface de son Arminius, qu’il fit Ligdamon, sa première pièce, « en sortant du régiment des gardes, » et nous avons de lui, à la suite du Trompeur puni, une Ode au Roi faite à Suze, qui nous prouve qu’en mars 1629 il était encore au service. D’un autre côté Argénis et Foliarque ou Théocrine première pièce de du Ryer, a été imprimée en 1630 chez Nicolas Bessin ; c’est donc entre ces deux dates que se place le début de Corneille, et, comme l’a remarqué M. Taschereau, les diverses rédactions successives d’un passage du Discours de l’utilité et des parties du poëme dramatique[1], et le commencement de l’avis Au lecteur de Pertharite paraissent confirmer l’exactitude de ce calcul.

Dans sa Lettre apologétique, publiée en 1637, Corneille dit à Scudéry : « Vous m’avez voulu arracher en un jour ce que

  1. Voyez plus haut, p. 16, note 3.