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suivre le nécessaire ; et cette alternative met en notre choix de nous servir de celui des deux que nous jugerons le plus à propos.

Cette liberté du poète se trouve encore en termes plus formels dans le vingt et cinquième chapitre, qui contient les excuses ou plutôt les justifications dont il se peut servir contre la censure : Il faut, dit-il, qu’il suive un de ces trois moyens de traiter les choses, et qu’il les représente ou comme elles ont été, ou comme on dit qu’elles ont été, ou comme elles ont dû être : par où il lui donne le choix, ou de la vérité historique, ou de l’opinion commune sur quoi la fable est fondée, ou de la vraisemblance. Il ajoute ensuite : Si on le reprend de ce qu’il n’a pas écrit les choses dans la vérité, qu’il réponde qu’il les a écrites comme elles ont dû être ; si on lui impute de n’avoir fait ni l’un ni l’autre, qu’il se défende sur ce qu’en publie l’opinion commune comme en ce qu’on raconte des Dieux, dont la plus grande partie n’a rien de véritable. Et un peu plus bas : Quelquefois ce n’est pas le meilleur qu’elles se soient passées de la manière qu’il décrit ; néanmoins elles se sont passées effectivement de cette manière, et par conséquent il est hors de faute. Ce dernier passage montre que nous ne sommes point obligés de nous écarter de la vérité pour donner une meilleure forme aux actions de la tragédie par les ornements de la vraisemblance, et le montre d’autant