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posture tenir, s’il arrivait une heure plus tard. Je ne l’ai introduit qu’au cinquième acte non plus qu’eux ; mais j’ai préparé sa venue dès le premier, en faisant dire à Oedipe qu’il attend dans le jour la nouvelle de la mort de son père. Ainsi dans la Veuve, bien que Célidan ne paraisse qu’au troisième, il y est amené par Alcidon, qui est du premier. Il n’en est pas de même des Maures dans le Cid, pour lesquels il n’y a aucune préparation au premier acte. Le plaideur de Poitiers dans le Menteur avait le même défaut ; mais j’ai trouvé le moyen d’y remédier en cette édition, où le dénouement se trouve préparé par Philiste, et non plus par lui.

Je voudrais donc que le premier acte contînt le fondement de toutes les actions, et fermât la porte à tout ce qu’on voudrait introduire d’ailleurs dans le reste du poème. Encore que souvent il ne donne pas toutes les lumières nécessaires pour l’entière intelligence du sujet, et que tous les acteurs n’y paraissent pas, il suffit qu’on y parle d’eux, ou que ceux qu’on y fait paraître aient besoin de les aller chercher pour venir à bout de leurs intentions. Ce que je dis ne se doit entendre que des personnages qui agissent dans la pièce par quelque propre intérêt considérable, ou qui apportent une nouvelle importante qui produit un notable effet. Un domestique qui n’agit que par l’ordre de son maître, un confident qui reçoit le secret de son ami et le plaint dans son malheur, un père qui ne se montre que pour consentir ou contredire le mariage de ses enfants,