Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
AU LECTEUR

jusqu’icy nos Imprimeurs ont employé indifféremment. Ils ont separé les i et les u consones d’avec les i et les u voyelles, en se servant tousiours de l’j et de l’v, pour les premiéres, et laissant l’i et l’u pour les autres, qui jusqu’à ces derniers temps avoient esté confondus[1]. Ainsi la

    attendant qu’on le puisse reporter au deuant de celuy qui le suiura, si-tost qu’il pourra estre complet.


    « Vous trouuerez quelque chose d’étrange, etc. »


    Le début de l’avis de l’édition de 1664, in-8°, est beaucoup plus court :


    « Ces trois volumes contiennent autant de Pieces de Theatre que les deux nouvellement imprimez in folio. Ils sont reglez a huit chacun, et les autres à douze. Sertorius, Sophonisbe et Othon*** ne s’y joindront point, qu’il n’y en aye assez pour en faire vn quatriéme.


    « Cependant vous pourrez trouuer quelque chose d’étrange, etc. »


    Dans l’édition de 1668, l’avis commence de même que dans celle de 1664; mais les mots : « Vous pourrez trouver, etc., » viennent immédiatement après les derniers mots de la seconde phrase : « les autres a douze ; » et la phrase intermédiaire est omise.


    *. Il s’agit ici de l’édition de 1660. Les deux premiers volumes contiennent huit pièces chacun, comme le dit Corneille, mais le troisième n’en renferme que sept : Rodogune, Heraclius, Andromède, Don Sanche d’Arragon, Nicomède, Pertharite et Œdipe.


    **. Ces deux pièces avaient été représentées en 1662 et en 1663.


    ***. Cette dernière pièce a été représentée a Fontainebleau à la fin de juillet 1664, et l’achevé d’imprimer du 1er volume de l’édition de 1664 porte la date du 15 août.

  1. On a prétendu, mais à tort, que Ramus avait proposé le premier de distinguer dans impression l’i du j et l’u du v. Il faut remonter au moins jusqu’à Meigret, qui a dite n 1550 dans le Tretté de la grammere francoeze : « Rest’encores j consonante a lagell ie done double proporcion de celle qi et voyelle, e lui rens sa puissanc’ en mon écritture. » (Folio 14 recto.) « Ao regard de l’u consonante, ell’aoroet bien bezoin d’etre diuersifiée, attendu qe qant deus uu s’entresuyuet aveg gelq’aotre voyelle nou’ pouuons prononcer l’un pour l’aotre. » (Folio 12 verso.) On voit, du reste, que Meigret, qui pourtant ne manquait pas de hardiesse, se borne a proposer cette distinction sans la mettre lui-même en pratique.

    Les imprimeurs hollandais furent les premiers à l’établir. Elle est déja très-nettement observée dans l’Argenis de Barclay imprimée en 1630 par les Elzévirs ; les majuscules seule font exception. Quelques imprimeurs des confins de la France ne tardèrent pas à suivre cet exemple. Les Zetzner, de Strasbourg, introduisirent l’U rond et le J consonne dans les lettres capitales. On trouve déjà ces caractères dans le volume intitulé : Clavis artis Lulliane… opera et studio